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Histoire périnatalité - Laura et sa famille
Cette animation (suivie de la retranscription intégrale du texte) a été réalisée dans le cadre du second module du e-parcours en promotion de la santé, dispositif d'autoformation en e-learning construit par Promotion Santé Ile-de-France.
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Éléments de contexte
Laura a 40 ans et vit avec Alex. Ils sont en couple et ont ensemble une fille de 10 ans, Camille.
Laura est enseignante contractuelle de musique à plein temps, dans plusieurs établissements scolaires et donne des cours au conservatoire, parfois le samedi. Pour s’y rendre, elle utilise la voiture (1h de transport) ou les transports en commun. Alex est intermittent du spectacle, et est amené parfois à s’absenter plusieurs jours. Leurs revenus sont fluctuants et ils n’ont pas de « sécurité d’emploi ». Leurs emplois du temps leur permettent d’être disponibles pour Camille et de ne pas faire appel à une nounou. Ils ont trouvé un équilibre dans leur organisation et leur voisine les dépanne parfois en s’occupant de Camille, quand Alex et Laura ont des empêchements.
Laura et Alex sont locataires d’un 4 pièces, comprenant 2 chambres et un petit bureau, au 4ème étage avec ascenseur, en périphérie de Paris. D’importants travaux dans les parties communes de l’immeuble sont prévus dans les prochains mois.
Leurs parents vivent dans le Sud de la France.
L'annonce de la grossesse
Laura découvre qu’elle est enceinte, alors qu’avec Alex, ils n’ont pas de projet de grossesse. Ils sont assez déstabilisés par cette grossesse qu’ils n’avaient pas prévue.
Ils se posent de nombreuses questions : ne sont-ils pas trop âgés pour avoir un deuxième enfant ? Auront-ils l’énergie pour élever cet enfant ? Quel sera le regard des autres ? Comment Camille va-t-elle prendre la nouvelle ? Est-il raisonnable de faire un enfant alors que leurs revenus ne sont pas fixes ? Comment vont-ils s’organiser ? Laura et Alex vont-ils devoir modifier leurs disponibilités professionnelles ?
Ils vont échanger pendant quelques jours avec leurs proches (famille et amis). Au cours de la consultation leur médecin généraliste prescrit une prise de sang pour confirmer la grossesse.
Le médecin les informe du suivi adapté aux femmes de plus de 40 ans face aux risques potentiels plus élevés (diabète gestationnel et hypertension artérielle gravidique, mortalité infantile, anomalies chromosomiques chez l’enfant, etc.). Ils posent des questions au médecin et évoquent leurs inquiétudes.
La grossesse de Laura est confirmée par la prise de sang (7 semaines d’aménorrhée, soit 5 semaines de grossesse).
Après mûre réflexion, ils prennent la décision de poursuivre la grossesse.
La grossesse
Maintenant que Laura et Alex ont pris leur décision, ils cherchent à s’inscrire dans une maternité. Ils souhaitent que la grossesse de Laura soit suivie dans la maternité proche de chez eux, qui bénéficie du label « Hôpital ami des bébés ». Mais par manque de place, ils sont obligés de s’inscrire dans une maternité un peu plus éloignée de chez eux.
Après une première consultation à la maternité, Laura n'ayant aucune pathologie préexistante à la grossesse, elle est orientée vers une sage-femme libérale près de chez eux pour le suivi de sa grossesse jusqu'à 7 mois. La sage-femme donne beaucoup d’informations et prend le temps de répondre à toutes les questions du couple. Elle va leur prescrire les examens prénataux. La sage-femme fait la déclaration de grossesse.
Laura suit régulièrement, sur les réseaux sociaux, des comptes de femmes enceintes et jeunes mamans. Laura est anxieuse ; elle trouve que beaucoup de choses ont changé depuis sa dernière grossesse et s’y perd un peu dans les nombreux messages de prévention et conseils qu'on lui donne sur la consommation d’alcool, l’environnement du bébé, l’alimentation… Elle est aussi stressée car elle a consommé de l’alcool à plusieurs reprises avant d’apprendre qu’elle était enceinte. Elle ne se rappelle pas que cela lui avait paru si compliqué pour la grossesse de Camille.
Laura participe à toutes les consultations prénatales, la plupart avec Alex.
A 2 mois et demi, Laura fait la première échographie ; le fœtus se porte bien.
Un entretien prénatal précoce est fortement recommandé par les professionnels de santé, au même titre que les consultations de suivi médical et les échographies mais le couple n’a pas le temps de le faire et ils estiment qu’ils n’en ont pas besoin.
Laura et Alex annoncent la grossesse à tout leur entourage. La nouvelle est bien accueillie. Camille est ravie.
Ils annoncent également la grossesse à leurs employeurs. La plupart ne se montrent pas très compréhensifs et s’inquiètent de la disponibilité de Laura au travail, ainsi que de son remplacement. Elle reçoit même une réflexion qui souligne qu’à son âge, ils espéraient qu’elle ne tomberait pas enceinte ! Laura n’est pas informée que les consultations peuvent se faire sur le temps de travail, et pour ne pas gêner, elle prend ses rendez-vous en dehors de ses heures de travail.
Laura a réduit sa pratique d’activité physique : entre les transports, le travail, Camille… Elle manque de temps et d’énergie. Elle faisait régulièrement de la Zumba avant la grossesse, mais par précaution, elle préfère remplacer cette activité par de la gym douce, de temps en temps.
La deuxième échographie confirme qu’il s’agit d’une petite fille. Camille veut aider à trouver le prénom du bébé.
Laura prend du poids pendant la grossesse, légèrement au-dessus de celui recommandé par les professionnels de santé. Elle a fait face à quelques remarques de ses collègues.
La sage-femme lui prescrit un test de dépistage du diabète gestationnel qui revient positif. Laura est réorientée vers la maternité où elle suit un programme d'éducation thérapeutique après avoir vu un endocrinologue. Ce programme d’éducation thérapeutique du patient lui apporte les clés pour adopter une alimentation adaptée, mais les mesures de la glycémie sont une source de stress.
Laura et Alex enclenchent des démarches pour trouver un mode de garde. Ils s’inscrivent sur une liste pour obtenir une place en crèche dans le secteur public.
Au septième mois, la sage-femme de la maternité, lui prescrit un congé pathologique prénatal en raison de son diabète gestationnel et de son temps de transport important. Cela va lui permettre d’avoir plus de disponibilité pour suivre ses séances d’éducation thérapeutique. Ce congé aura un impact sur les revenus de Laura.
Laura et Alex participent à plusieurs séances de préparation à la naissance avec la sage-femme libérale qui les a suivis en début de grossesse. Ils s’accordent avec elle : elle fera aussi le suivi postnatal à domicile.
Laura et Alex, qui ne peuvent pas changer de logement en raison de leurs situations financières et leurs statuts professionnels, préparent la chambre du bébé, en aménageant la petite pièce qui servait de bureau. Il n’est pas question que Camille partage sa chambre avec le bébé, pour préserver son indépendance et sa tranquillité.
L’allaitement de Camille n’est pas un bon souvenir pour Laura. Elle se renseigne sur le sujet, car elle hésite à tenter une nouvelle fois l’expérience. Elle décide finalement d’allaiter le nouveau-né, elle se dit qu’elle trouvera peut-être plus facilement des conseils si elle en a besoin.
Les travaux des parties communes de l’immeuble commencent et durent 6 mois. Le bruit et la poussière sont une grande source de pollution et de stress pour les parents. L’ascenseur est en maintenance pendant plusieurs semaines, ce qui fatigue Laura, complique ses déplacements et la stresse en imaginant que la situation pourrait perdurer après la naissance. De plus Alex est en déplacement professionnel pendant 15 jours.
Alex prend rendez-vous avec un conseiller de la CPAM pour faire le point sur le calcul des indemnités journalières auxquelles il pourrait prétendre pour son congé paternité.
La naissance
Du fait de son âge et de son diabète gestationnel, une césarienne est programmée en accord avec Laura et Alex. L’accouchement se passe bien et le bébé et la maman sont en bonne santé. La petite fille s’appelle Ambre.
Alex attend Laura en salle d’attente pendant l’accouchement et Camille est gardée après l’école par les grands-parents qui se sont installés quelques jours dans l’appartement du couple.
Laura aurait bien aimé être en chambre individuelle, mais le forfait de sa mutuelle ne la prend pas en charge. Elle y renonce. Elle est fatiguée, mais elle peut discuter avec sa voisine et se fait une copine. Laura maintient sa décision d’essayer l’allaitement, les sages-femmes de la maternité l’accompagnent. Cette fois, elle pose des questions et ose demander du soutien aux professionnelles.
Laura reste 5 jours à la maternité, le temps de se remettre de sa césarienne. Elle est fatiguée et appréhende le retour à la maison.
L'après naissance
Le retour à la maison se passe bien, mais quelques jours après l’accouchement, les parents sont épuisés.
Laura se sent notamment davantage fatiguée qu’après la naissance de Camille, elle se demande si elle ne fait pas de dépression du post-partum. Elle a lu dans les témoignages que ces dépressions n’étaient pas toujours diagnostiquées, parce que c’est « normal » d’être fatiguée.
Elle en parle rapidement avec la sage-femme qui lui parle du baby-blues et lui propose de refaire le point régulièrement sur sa fatigue. Le soutien d’Alex pendant son congé paternité et des proches de Laura, lui permet de mieux vivre le post-partum.
Ambre est suivie par un médecin et les puéricultrices de PMI, notamment pour les vaccins et le suivi du poids du bébé. La PMI est un dispositif gratuit, qui n’assure pas les urgences ni les soins pédiatriques (hors prévention). Mais Alex et Laura n'ont pas trouvé de pédiatre ni de médecin généraliste en mesure d'accepter de nouveaux patients. Ils cherchent activement un praticien. C’est une source de stress. Que se passe-t-il si Ambre a de la fièvre ?
Un mois après l’accouchement, Laura, Alex et Ambre se rendent à une consultation de suivi postnatal précoce avec la sage-femme. Lors de cette consultation la sage-femme confirme que Laura ne présente pas de signes de dépression du post-partum. Au cours des autres consultations postnatales elle fait sa rééducation du périnée. Après toutes les séances, elle reprend progressivement la Zumba.
Il n’y a pas de place en crèche municipale. Ils font appel à une assistante maternelle pour garder leur bébé après le congé maternité de Laura, en espérant qu’une place en crèche se libèrera. Les grands-parents restent quelques semaines pour soutenir le couple et passer du temps avec leurs petits-enfants.
Les parents adoptent de nouvelles habitudes pour la santé d'Ambre (aération des pièces, achat de produits et équipements ayant des normes garantissant la santé des nourrissons…).
Malgré le souhait de Laura de poursuivre l’allaitement, elle arrêtera à la reprise du travail, les conditions pour tirer son lait au travail étant particulièrement inconfortables. Elle s’est renseignée auprès de ses collègues qui ont eu un enfant récemment et toutes lui ont dit que rien n’était prévu pour cela et qu’elles avaient vraiment « galéré ».
Elle aurait aimé prendre un congé parental, mais y renoncera pour des raisons financières.
Ils finissent par trouver un équilibre rapidement après sa reprise du travail, aidés par une assistante maternelle rassurante et souple au vu de leurs emplois du temps et accompagnés par les proches. Camille facilite beaucoup ce changement de vie en étant proche de sa petite sœur.